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Protecteur des plantes

M. COISNE

Marc Delattre, 60 ans, est responsable technique en production végétale chez Dijon céréales et, depuis quelques mois, président de l'AFPP.

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« Pour pouvoir nourrir la population mondiale, il y a trois possibilités : tout déforester et tout cultiver, mais je ne suis pas sûr que ce soit l'idéal pour la biodiversité, le zéro gaspillage, mais ce n'est pas facile, ou protéger les plantes, par tous les moyens disponibles, du biocontrôle à l'agrochimie, expose Marc Delattre. On va être dix milliards en 2050. » Pour le responsable technique production végétale de la coopérative Dijon céréales, s'impliquer dans la protection des plantes va au-delà d'un métier, « c'est une vocation ».

Au cours de sa carrière, l'agronome bourguignon s'est penché sur la question avec différentes casquettes : chercheur, officiel, ingénieur technique et expérimentation dans une firme phytosanitaire... « Mais là où je me sens le plus utile pour l'agriculture, c'est en faisant ce que je fais maintenant. La satisfaction, le sentiment qu'on peut avoir après une année d'essais, la réalisation d'un guide technique, les réunions, que tout soit repris par les technico-commerciaux et qu'au bout, les agriculteurs appliquent les préconisations, c'est fabuleux », reconnaît-il.

« Une évidence »

Marc Delattre n'est pas issu du monde agricole « et on n'est pas si nombreux », note-t-il. « Je voulais faire de l'agronomie, et en deuxième année, j'ai eu un cours de protection des cultures : c'était une évidence. »

En près de trente ans de carrière, Marc Delattre a suivi les évolutions du secteur. Et certaines lui font grincer des dents. « Si j'avais su que la protection des cultures allait devenir ce qu'elle est, j'aurais fait du droit, pas de l'agronomie ! », avait-il ainsi déclaré à des agriculteurs lors d'une réunion. « Un peu de réglementation c'est bien, mais là, c'est trop. Il y a des décisions qui sont incompréhensibles. » Cela étant, Marc Delattre est loin d'être opposé à une réduction des produits phytosanitaires. Et de citer l'intérêt des variétés résistantes aux maladies, le biocontrôle... « Mais, il ne faut pas oublier que le végétal est différent de l'animal. Celui-ci peut guérir, alors que si vous étiez une plante, vous auriez encore tous vos boutons de varicelle. Il faut plus de préventif, de sécurité. »

Un pilier de l'AFPP

Au fur et à mesure du temps, Marc Delattre, qui est également expert technique de l'union Area, et membre du comité de pilotage du Pool InVivo, s'est investi au sein de l'AFPP, l'Association française de protection des plantes, notamment au Columa (Comité de lutte contre les mauvaises herbes). De conférencier, il est devenu administrateur en 2009, président du Columa en 2011, vice-président de l'AFPP en 2012, membre de la CEB (Commission des essais biologiques) en 2014, avant d'être élu président de l'association en mars dernier, pour un mandat de trois ans. C'est le premier président de l'AFPP, fondée en 1984, qui soit issu de la coopération agricole. Parmi ses premières mesures, il a instauré un calendrier précis et régulier des conférences et des thématiques abordées. « Cela va permettre à nos adhérents et à nos congressistes d'avoir plus de visibilité, appuie Marc Delattre. En outre, l'AFPP est une organisation reconnue, nous avons aussi revu les salles des congrès, pour que les conférences aient lieu dans des amphithéâtres. » Et l'une des prochaines à venir, en mars 2016, concernera la réglementation.Tout un programme !

Marion Coisne

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